J'ai grandi, au milieu des années 70, dans une campagne française encore durablement marquée par le souvenir de l'hécatombe de 14. Bien sûr qu'à l'époque il restait de nombreux survivants mais quand vous vous déplaciez de village en village, ce qui vous frappait en premier lieu c'était la succession des monuments aux morts: chacun - même le plus petit village - s'était vu attribué sa propre stèle sculptée avec sa colonne interminable de victimes. Dans la grande moisson, personne n'avait été oublié. Un monument aux morts de la guerre de 14 quelque part en France Je sais bien qu'il y eut d'autres guerres affreusement meurtrières, sous tant de latitudes. Mais c'est celle-ci qui m'a le plus fait réfléchir. Peut-être parce que trois de mes grand-oncles y ont perdu la vie. Peut-être parce qu'un de mes arrière grand-pères a fait Verdun. Je me disais: ok ils sont partis la fleur au fusil en croyant ceci, cela... après tout,...
Donald Trump et sa logique effrayante; il est capable de dire le matin ' virez le docteur Fauci' et le soir même d'écrire un tweet indiquant que 'Tony fait un amazing job'. Voilà ce qui en lui me fait le plus peur: son absence totalement assumée de cohérence. Cela ne le dérange pas lui-même de se contredire d'une minute à l'autre. De toute façon, il sait bien que ça passera comme une lettre à la poste – c'est bien là le problème, un type ultra-pragmatique comme lui, et de surcroît dénué de tout principe, a dû à une certaine époque de sa vie tester ce type de comportement, être d'ailleurs peut-être un peu étonné de l'absence de réaction suscitée, mais en tout cas il en a pris bonne note pour la suite. Je suis persuadé que la société tient largement à cause de ce que chacun s'autorise ou ne s'autorise pas, non pas tant devant la société, mais devant lui-même, à cause de ce que j'appellerai une auto-censure reposant sur un code de valeu...
Je viens de terminer 'Anna Karénine'. Dans mon exemplaire de la Pléïade, c'est 'Résurrection' qui lui fait suite. Dont je découvre, comme un électro-choc, les premières lignes dans la traduction d'Edouard Beaux: ' Les quelques centaines de milliers d'êtres humains qui s'étaient rassemblés sur cet espace étroit avaient beau mutiler la terre sur laquelle ils s'entassaient; ils avaient beau écraser ce sol sous des blocs de pierre afin que rien n'y pût germer, arracher toute herbe qui commençait à poindre, enfumer l'air de pétrole et de charbon, tailler les arbres, chasser bêtes et oiseaux, le printemps était toujours le printemps, même dans la ville. Le soleil était chaud. Vivifiée, l'herbe poussait et verdoyait partout où elle n'avait pas été raclée, non seulement sur les pelouses des boulevards, mais encore entre les pavés des rues; les bouleaux, peupliers, merisiers déployaient leurs feuilles parfumées et gluantes, les till...
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