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Affichage des articles du mai, 2020

La boutique de la guerre de 14 à faire tourner.

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J'ai grandi, au milieu des années 70, dans une campagne française encore durablement marquée par le souvenir de l'hécatombe de 14. Bien sûr qu'à l'époque il restait de nombreux survivants mais quand vous vous déplaciez de village en village, ce qui vous frappait en premier lieu c'était la succession des monuments aux morts: chacun - même le plus petit village - s'était vu attribué sa propre stèle sculptée avec sa colonne interminable de victimes. Dans la grande moisson, personne n'avait été oublié. Un monument aux morts de la guerre de 14 quelque part en France Je sais bien qu'il y eut d'autres guerres affreusement meurtrières, sous tant de latitudes. Mais c'est celle-ci qui m'a le plus fait réfléchir. Peut-être parce que trois de mes grand-oncles y ont perdu la vie. Peut-être parce qu'un de mes arrière grand-pères a fait Verdun. Je me disais: ok ils sont partis la fleur au fusil en croyant ceci, cela... après tout,

Proust et Frankenstein

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Le soir du dimanche 10 novembre 1912, Marcel Proust, qui va de déconvenue en déconvenue avec les éditeurs, écrit à Mme Straus : ' J'ai tellement l'impression qu'une œuvre est quelque chose qui sorti de nous-même, vaut cependant mieux que nous-même, que je trouve tout naturel de me démener pour elle, comme un père pour son enfant .' Marcel Proust n'a pas eu d'enfant, son grand livre fit toute sa progéniture. Je trouve touchante cette modestie qu'on sent chez lui, toujours, devant son œuvre. Marcel Proust au bord du Grand Canal, Venise printems 1900 Les hommes deviennent peu de choses devant leur œuvre dès lors qu'ils réussissent à extirper de leurs entrailles le meilleur de ce qu'ils ont senti - c'est paradoxal, mais le plus grand créateur, une fois son but atteint, se voit immédiatement condamné à rentrer dans l'ombre, à s'effacer devant la créature qui vient de sortir de lui: s'il a bien travaillé, tout de