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Affichage des articles du octobre, 2019

Le paysan russe, l’ordinateur, le télescope et l’informatique en tant que science fondamentale.

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« L'informatique n'est pas plus la science des ordinateurs que l'astronomie n'est celle des télescopes. » Chaque fois que je me le répète, je suis stupéfait par la puissance de cet aphorisme attribué au grand informaticien et mathématicien Edsger Dijkstra (né à Rotterdam le 11 mai 1930 et mort à Nuenen le 6 août 2002): Edsger Dijkstra ( 1930-2002) En général, je commence mon cours d'informatique en insistant particulièrement sur cette phrase. D'abord pour marquer à quel point je compte inscrire mes considérations aussi loin que possible de tout bidouillage bureautico-logicielo-mercantile de type 'heures facturées SSII'. Et surtout pour bien les convaincre  - dans la logique de la phrase de Djikstra - que l'informatique théorique a existé bien avant la fabrication du premier ordinateur. L’informatique fondamentale est une branche particulière des mathématiques discrètes visant particulièrement à l’étude des processus itératif

Le roi est nu et il fait ce qu'il peut, sur le trapèze d'Alain Bashung et d'Albert Cohen

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Plus le temps passe, plus je me sens plein d'indulgence pour toutes les formes de superstition. Comment donc un homme en vient-il à se construire un tel petit système de protection personnelle qu'on nomme d'ordinaire 'superstition'? Pour tenter de répondre ( un peu ) à la question, je pense à toi mon frère qui est moi. Je t'imagine, seul sous la voûte du monde. Tu es là et il faut bien t'y faire. T'organiser d'une manière ou d'une autre. Quand l'homme voit trop bien la menace dans toute son étendue, et toutes ses conséquences, que lui reste-t-il donc? Et Dieu sait s'il y en a, au dessus de notre tête, de telles menaces. Rédhibitoires. Et que rien ne vient contrebalancer. Dans une telle situation, on peut quand même pas rester les bras croisés, sans espoir. La sagesse populaire le clame: on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Lourd de sombres sous-entendus, l'Evangile affirme 'Travaillez tant que vous

Jacques Borel, le verbe 'tomber' restera éternellement transitif

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A la page 124 de 'L'Adoration', ouvrage de Jacques Borel qui obtint le prix Goncourt au titre de l'année 1965, je lis ceci: ' Je me suis souvent demandé pourquoi, malgré les objurgations, et l'ironie même, de ma tante Desvergnes, ma grand-mère s'était toujours refusée à laisser installer chez elle l'électricité, qui lui paraissait un mode d'éclairage si normal chez les autres; il me paraît évident aujourd'hui qu'il ne s'agissait nullement là d'un entêtement ou d'une manie de vieillard; mais, sans doute, en ne démordant pas de lampe à pétrole familière, ma grand-mère pensait-elle se montrer fidèle qu'il lui semblait qu'elle avait le devoir de perpétuer. ' J'aime ce genre d'absurde obstination. Dont je suis coutumier. J'aime le panache de l'homme qui accroché à l'épave en train de couler cherche encore à la retenir. J'ai la chance d'avoir un pays – quand on aspire à devenir écri

Japanese Boy, parce que je viens des années 80. Claqué au sol.

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Tout est dans le titre, précisément. Cette chanson parce que voyage avec elle une part indicible de ce que furent les années 80. Leur atmosphère, le rythme, la vitesse avec laquelle s'y déplaçaient les gens. Un temps, une époque. Même ce sourire d'Aneka - tranquille et un peu ridicule - il me semble qu'il appartient aux années 80. J'y ai grandi et j'en suis. Cette chanson parce qu'on trouve en elle, qui repose là-bas, une part de ce que nous avons été. Les années 80. Oui, je viens de là-bas. On est toujours de son temps. Marqué au fer rouge - qu'on le veuille ou non. L'étrange mystère de tout ce qui y demeure encore - et qui nous est devenu puissamment inaccessible. Comment dire à nos enfants? Ma fille et mon fils ont écouté Aneka et ils ont trouvé la chanson bien ridicule - ils disent ' claquée au sol' Passe encore pour 'Japanese Boy'... Ma fille et mon fils ont écouté Blondie et ils n'ont pas été e

Pouvoir magique de l'expression et groupe fini dont tous les éléments sont d'ordre 2.

J'interrogeais un élève au tableau, à propos d'un exercice consistant à prouver que le cardinal d'un groupe fini dont tous les éléments sont d'ordre deux est une puissance de deux. Nous venions de terminer la preuve de ce résultat en utilisant des techniques élémentaires qui rendaient la démonstration à la fois trop artificielle et trop astucieuse. Comme j'en étais gêné, j'en suis venu à expliquer à l'élève en question la vraie raison par laquelle ce théorème devenait éminemment naturel.  Il s'agissait simplement de remarquer que chaque élément étant d'ordre 2 dans ce groupe G, G était abélien et qu'il se trouvait donc naturellement muni d'une structure d'espace vectoriel sur le corps à deux éléments ( corps que l'on va noter k pour plus de commodité). Dès lors G en tant qu'espace vectoriel est évidemment de dimension finie sur k ( étant de cardinal fini 'il possède évidemment une partie génératrice finie), il est donc

Sicile, la mer bleue, la maladie et le voyage.

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Souvenir de Sicile. L'après-midi avant le retour. Sur la plage. Devant la mer Méditerranée. Les Grecs sont venus de là-bas. Géométrie parfaite du temple d'Agrigente Ce bleu étal. Etal comme une extension galoisienne. A perte de vue. Les mathématiques arabes sont venues de là-bas. Savants musulmans à la cour palermitaine Du grand empereur  Frédéric II Hohenstaufen, le fauconnier Odeur de volcan étendue sur la mer A l'horizon des pauvres villages siciliens Tout entier en partance pour l'Amérique L'autre sens: New-York, Ellis Island Ce bleu étal. Etal comme une extension galoisienne. A perte de vue. La vie qui va et qui vient La vie qui trouve toujours sa direction Je pense au bonheur. Qu'on ne mesure pas. On ne goûte la pleine saveur des choses. Qu'au bord des gouffres. En rémission. Quand tout va bien, je suis snob. Et je les snobe ces moments. Je snobe les pépites d'or qu'ils recèlent. Je snobe, car je

L'homme des faubourgs est un Frère de la Côte

Une phrase captée au vol dans la rue - je crois que je l'ai déjà dit, j'adore, avec mon filet, capter les phrases qui volent au hasard dans les rues, comme des papillons sans queue ni tête. 'J'avais un copain, il avait une affaire fabuleuse... Quand il l'a revendue en 86-87...' L'homme qui parle ainsi vit à notre époque dans une banlieue industrieuse, parmi le béton, les klaxons et la valse des feux alternés qui ne sont pas toujours très bien synchronisés. Pourtant, quand il a parlé, sa voix et son regard brillaient comme l'oeil incandescent d'un pirate qui tard le soir, dans un tripot de La Barbade, évoque à mots couverts l'existence d'une épave, échouée au large de telle île minuscule. Un galion espagnol aux cales gorgées d'or.