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Affichage des articles du août, 2019

Le père du père du père de mon père... et son père à lui...

Ce soir - allez savoir pourquoi - je pense avec émotion à tous les hommes de ma lignée, tous ces humains qui se tiennent au dessus de moi et sans lesquelles je n'existerais pas. Tous ceux que je rencontrerais au fil d'une caméra douée du pouvoir de remonter les âges à partir de moi - les niveaux dans l'arbre. A toutes les époques, il faut qu'il y eût quelqu'un pour porter un peu plus loin la possibilité de ma venue au monde. Une chaîne ininterrompue. Sous le règne d'Hugues Capet, quelqu'un vivait sans lequel je n'aurais jamais été. Et quand le Vésuve s'est réveillé. Et quand le rayonnement de la civilisation inca atteignait son apogée. Et quand sombra l'Invincible Armada. Et le jour où fut gravé dans la pierre le code d'Hammourabi. Toujours et encore quelqu'un quelque part. A chaque instant. Je remonte le cours du fleuve dont je descends, je remonte et ses eaux grossissent, mes ascendants se multiplient selon une loi exponentiel

La petite lumière jaune. Terrifiante infaillibilité - chez le coiffeur - des lois de l'optique.

Chez le coiffeur, pour me faire ratiboiser la tignasse que, par flemmardise, j'ai laissé croître depuis trois mois. Tête immobile, parfois légèrement inclinée par les doigts experts du professionnel aux ciseaux parfaitement affûtés, je n'ai d'autre choix que de regarder droit devant moi. Le miroir. Et en dessous le lavabo. Qui s'entoure d'une collerette de faïence marron sur laquelle, je remarque rapidement que court une improbable petite lumière jaune. Qui clignote. Sa présence miraculeuse ne peut être le fruit du hasard - car je la vois cette lumière, je la vois de mes propres yeux, et rien ne peut venir démentir l'évidence de sa présence: il y a, sur le lavabo du coiffeur, une petite lumière jaune. Je cherche, je cherche une cause naturelle, l'explication, celle qui fait s'écrier: ' Bon sang mais c'est bien sûr! Tout à fait logique en somme!' Je cherche, je cherche de tout mon coeur en espérant qu'elle ne vienne pas, cette rat

Un premier bilan. Katherine Mansfield, Tchekhov, admettons.

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Cela fait à peu près quatre mois que j'ai commencé à tenir ce blog, l'heure d'un premier bilan. En quatre mois, le blog cumule 1500 pages vues. Le total est honorable mais non pas satisfaisant. J'avais dans l'idée de fédérer une petite armée de fidèles qui, par la suite, serait à même de m'accompagner dans le lancement du livre d'Elmo: pour l'instant, je n'ai rien fédéré du tout. Il faut être tenace - mais, faute d'éternité, les hommes ne sont jamais tenaces que jusqu'à un certain point... Et les blogs - c'est leur drame - finissent tous, tristement, par un abandon en rase campagne. Je vais essayer de faire durer celui-ci aussi longtemps que possible. Ce qui revient à dire peu de choses. Autant, dès lors, reprendre le travail et vous parlez, comme je l'avais prévu, de Katherine Mansfield et d'Anton Tchekhov. Katherine Mansfield (1888-1923) A la fin de l’année 1922, quelques jours avant la mort de Proust, à

S'inspirer de la force et du courage de Joseph Conrad

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Quelque chose m'a toujours prodigieusement estomaqué chez Joseph Conrad. Il a réussi à devenir un écrivain majeur en langue anglaise, alors même que l'anglais n'était pas sa langue natale. C'est à mon sens un cas unique dans l'histoire de la littérature. On peut parler couramment une langue étrangère bien sûr, mais de là à en connaître toutes les subtilités – les plus intimes nuances - au point de pouvoir créer une oeuvre importante dans cette langue...  J'ai un ami qui refuse purement et simplement de lire du Conrad – de même d'ailleurs que tout écrivain de langue étrangère. Postulant un jour, pour les besoins de sa démonstration, que Faulkner, Gogol, Proust et Saint Simon étaient des écrivains de même valeur, il m'expliqua ne pouvoir s'imaginer goûter, dans une traduction des uns, un plaisir aussi intense que celui qu'il prend à la lecture des autres. ' Avec les traductions tu perds trop. L'écrivain est un manieur de mots, un