Donald Trump et sa logique effrayante; il est capable de dire le matin ' virez le docteur Fauci' et le soir même d'écrire un tweet indiquant que 'Tony fait un amazing job'. Voilà ce qui en lui me fait le plus peur: son absence totalement assumée de cohérence. Cela ne le dérange pas lui-même de se contredire d'une minute à l'autre. De toute façon, il sait bien que ça passera comme une lettre à la poste – c'est bien là le problème, un type ultra-pragmatique comme lui, et de surcroît dénué de tout principe, a dû à une certaine époque de sa vie tester ce type de comportement, être d'ailleurs peut-être un peu étonné de l'absence de réaction suscitée, mais en tout cas il en a pris bonne note pour la suite. Je suis persuadé que la société tient largement à cause de ce que chacun s'autorise ou ne s'autorise pas, non pas tant devant la société, mais devant lui-même, à cause de ce que j'appellerai une auto-censure reposant sur un code de valeu...
Le soir du dimanche 10 novembre 1912, Marcel Proust, qui va de déconvenue en déconvenue avec les éditeurs, écrit à Mme Straus : ' J'ai tellement l'impression qu'une œuvre est quelque chose qui sorti de nous-même, vaut cependant mieux que nous-même, que je trouve tout naturel de me démener pour elle, comme un père pour son enfant .' Marcel Proust n'a pas eu d'enfant, son grand livre fit toute sa progéniture. Je trouve touchante cette modestie qu'on sent chez lui, toujours, devant son œuvre. Marcel Proust au bord du Grand Canal, Venise printems 1900 Les hommes deviennent peu de choses devant leur œuvre dès lors qu'ils réussissent à extirper de leurs entrailles le meilleur de ce qu'ils ont senti - c'est paradoxal, mais le plus grand créateur, une fois son but atteint, se voit immédiatement condamné à rentrer dans l'ombre, à s'effacer devant la créature qui vient de sortir de lui: s'il a bien travaillé, tout de ...
Je viens de terminer 'Anna Karénine'. Dans mon exemplaire de la Pléïade, c'est 'Résurrection' qui lui fait suite. Dont je découvre, comme un électro-choc, les premières lignes dans la traduction d'Edouard Beaux: ' Les quelques centaines de milliers d'êtres humains qui s'étaient rassemblés sur cet espace étroit avaient beau mutiler la terre sur laquelle ils s'entassaient; ils avaient beau écraser ce sol sous des blocs de pierre afin que rien n'y pût germer, arracher toute herbe qui commençait à poindre, enfumer l'air de pétrole et de charbon, tailler les arbres, chasser bêtes et oiseaux, le printemps était toujours le printemps, même dans la ville. Le soleil était chaud. Vivifiée, l'herbe poussait et verdoyait partout où elle n'avait pas été raclée, non seulement sur les pelouses des boulevards, mais encore entre les pavés des rues; les bouleaux, peupliers, merisiers déployaient leurs feuilles parfumées et gluantes, les till...
Commentaires
Enregistrer un commentaire